Pourquoi republier un article sur ce splendide tableau de Jan Van Eyck, La Vierge au Chancelier Rolin, appelé aussi La
Vierge d’Autun ?
Je pense que notre évolution intérieure a la forme d’une spirale, ce qui veut dire que nous rencontrons souvent plusieurs mois
ou plusieurs années après les mêmes choses ou des évènements identiques que nous regardons avec un regard différent ou complémentaire.
un passage du livre de Christian Jacques « le message des constructeurs de
cathédrales » m’a fait cadeau de l’idée d’universalité dans le temps et dans l’espace pour cette merveilleuse Vierge de la fin du Moyen
–Age que j’ai appelée La Vierge du Silence :
« Au Moyen-âge, la Vierge est désignée comme ciel et trône de Dieu, ciel
qui élève le soleil de vérité, nuage léger contenant la lumière. Ces connotations cosmiques rappellent de manière fort claire, la symbolique de la déesse égyptienne Nout. Dans la symbolique
égyptienne, Nout était proche de la déesse Isis. Le culte de cette dernière connut une diffusion prodigieuse en Occident où il se maintint jusqu’au V siècle après JC…Isis portant Horus,
l’enfant-dieu, sur ses genoux, inspira le thème de la Vierge tenant le Christ-enfant de la même manière. Au-delà de l’illustration de l’amour maternel, il faut voir dans cette composition
symbolique l’affirmation de la Vierge comme trône de la Sagesse. Le nom Isis, en égyptien, signifie probablement Trône et il est particulièrement intéressant de voir que la Vierge chrétienne
préserve la même tradition. »
LA VIERGE AU CHANCELIER ROLLIN de JEAN VAN EYCK
Ou
LA
VIERGE DU SILENCE
C’est un merveilleux tableau qui se trouve au Louvre.
Il nous enseigne ce que la
Vierge a toujours enseigné :
LE SILENCE,
le vrai silence intérieur qui est la seule voie qui nous permette d’atteindre l’invisible.
Ce qui m’a frappée d’abord,
c’est que le visage de la Vierge ressemble à celui de l’Ange comme pour nous dire que la Vierge appartient déjà au monde céleste.
Les ailes de l’Ange ont les couleurs de l’arc en ciel car nos yeux sont
incapables de voir la lumière blanche céleste qui se décompose alors quand l’Ange prend une apparence terrestre.
Le tableau a la forme d’une
croix dont le symbole est la liberté de l’homme entre la ligne de l’éternel présent vertical qui mène à l’intérieur du soi
éternel
et la ligne horizontale de la vie extérieure de l’homme qui s’étend dans le temps et l’espace quand il
conjugue le verbe avoir. Seul le silence permet d’atteindre la ligne verticale de l’être intérieur .La Vierge Marie nous apprend le silence.
Elle est la reine du silence qui seul permet d’ouvrir la porte du royaume invisible. Sa royauté se voit à son manteau rouge et à sa couronne.
Mais il y a deux sortes de silence: le silence extérieur et le silence intérieur.
Sur ce tableau, le silence est délimité par la ligne horizontale de la
promenade du château où se trouvent les deux petits personnages qui se penchent vers le monde extérieur. Cette ligne est coupée en son milieu par une ligne verticale invisible. Au centre de cette
croix qui est le centre du tableau se trouve un groupe de lis blancs, symbole de pureté. A gauche de ce centre fleuri, il y a deux pies dites bavardes: ce tableau est vraiment la représentation
du silence qui règne à l’intérieur de la pièce.
Mais le vrai silence ne se trouve qu’à droite: La Vierge et l’Ange ont le regard tourné vers leur être
intérieur et portent des manteaux de couleur unie: Rouge pour la Vierge symbolisant la royauté et l’amour parfait. Bleu pour l’Ange ainsi que le prie-Dieu et la robe de la Vierge que l’on devine,
le bleu étant la couleur de l’au-delà qui s’élève comme la flamme de la bougie vers la lumière blanche aveuglante de Dieu qui contient toutes les couleurs. L’enfant Jésus a les yeux ouverts mais
il a le regard intérieur et lointain qui englobe tout l’univers de l’infiniment petit à l’infiniment grand.
A gauche, le chancelier Rollin prie dans le silence mais son silence n’est pas intérieur .Son regard est
horizontal: Il regarde à l’extérieur la Vierge et l’enfant Jésus. Son habit est décoré de dessins qui montrent son attachement à l’apparence extérieure. Au dessus de sa tête, les sculptures des
chapiteaux symbolisent toutes les pensées qui l’assaillent, et juste à côté de lui, à l’extérieur, trois paons indiquent ses désirs d’ascension sociale. Même si, les mains jointes, le chancelier
est en attitude de prière, le livre ouvert sur le prie-Dieu atteste que sa prière ne vient pas de l’intérieur.
A l’extérieur, le fleuve qui provient des neiges éternelles de la montagne serpente dans la nature et coupe
la ville en deux, manifestant ainsi la loi de la dualité de notre monde terrestre.
Les deux parties de la ville sont reliées par un pont où
passe la foule des êtres qui ne vivent que sur la ligne horizontale de l’existence dans le bruit et la course au verbe avoir.
Seuls deux petits personnages se sont arrêtés dans l’axe de la ligne verticale du centre du tableau où
serpente le fleuve qu’ils regardent couler.
L’eau du fleuve
qui provient des neiges silencieuses et éternelles de la montagne est le symbole de l’éternel présent qui contient le passé, le présent et
le futur. L’éternel présent est sur la ligne verticale, là où il n’y a plus ni espace, ni temps. Atteindre cet éternel présent intérieur est une élévation vers le sommet de la montagne
que l’on ne distingue jamais quand on entreprend l’ascension, parce que ce sommet que l’on peut appeler Dieu, c’est le point qui contient Tout et
d’où Tout provient.
Tout paysage, aussi laid soit-il, retrouve la beauté quand
il est recouvert de neige, la beauté dans le silence, ce qui prouve que la beauté réelle est intérieure et silencieuse. Le silence intérieur est
nécessaire pour atteindre le sommet intérieur et quand on l’a atteint, on ressent alors une grande joie et un grand sentiment de sérénité.
Blanche DREVET
Le chancelier Rolin fut au XV siècle un grand homme d’Etat au service du duc de Bourgogne, Philippe le Bon .Sa charge dura une
quarantaine d’années pendant lesquelles il agrandit la superficie de la Bourgogne qui s’étendit de Dijon à Bruges.
C’était un homme de pouvoir très préoccupé du salut de son âme qui fit don à l’église Notre –Dame d’Autun d’une statue de la
Vierge en argent massif avec une couronne en or et qui fit construire les Hospices de Beaune.
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