A Zhuang-Johan
pour ses trois ans
le 7 février 2011
Le prince triste et le joli
poisson
Il était une fois un petit garçon
Qui vivait sur une île si petite
Qu’elle n’avait pas de nom.
Autrefois un volcan avait surgi trop vite
Au-dessus de la mer, puis s’était éteint
Après avoir craché toutes ses cendres un matin.
Habitaient sur cette île un roi sans nom
Et une reine sans nom
Qui étaient les parents du petit garçon.
Il y avait aussi, bien sûr, un premier ministre
Dont le rôle était de pêcher les poissons
Que mangeaient le roi, la reine et le petit garçon.
Celui-ci s’appelait Prince Triste
Mais il ne s’était jamais posé la question.
C’étaient les oiseaux au-dessus de l’île sans nom
Qui l’avaient appelé ainsi
Car ses habits étaient tout gris
Comme ceux du roi, de la reine et du pêcheur de poissons.
Son regard ne connaissait que le bleu
du ciel
Et de la mer qui reflétait le ciel,
Que le blanc et le gris des nuages
Et de la mer qui reflétait les nuages.
Il arriva qu’un jour sans lumière
Où le premier ministre pêchait avec sérieux,
Le prince triste aperçut un étrange poisson qui brillait de mille feux
Dans le seau rempli d’eau de mer.
Il voulut l’attraper comme un précieux cadeau
Mais le poisson vivant sauta dans les flots
Et s’enfuit dans les profondeurs.
Le premier ministre se fâcha tout gris.
Il ne savait pas quel bonheur
C’était pour le prince d’avoir sauver ce poisson joli.
Le bonheur du prince fut encore plus fort
Et il sentit battre son cœur
Quand il l’aperçut le jour suivant sous une vague brodée d’or
Il s’approcha et lui demanda « pourquoi es-tu si beau ? »
Alors le poisson lui raconta les couleurs
Des profondeurs de la mer qui étaient sur son dos.
Il lui raconta les murs roses et orange du corail,
Les bancs de poissons d’argent
Qui tourbillonnent comme des épouvantails,
Le poisson noir à points blancs
Et l’étoile aux cinq pointes rouges,
Il lui parla du coquillage doré
qui jamais ne bouge
Mais dont il faut se méfier de la ruse
Et des parapluies roses des dames- méduses
Qui dansent avec les algues violettes.
Il lui raconta le cheval à minuscule tête
Et au corps de feuilles en émeraudes,
Les dangereux tentacules de l’anémone mauve,
La tête rose du poisson- fée
Et le poisson- papillon jaune au long nez.
Il lui parla du poisson- chirurgien rayé jaune et bleu
Et de toutes les couleurs qui rendent si heureux.
Alors le petit prince triste se mit à rêver de la mer.
Chaque fois qu’il faisait un beau rêve de lumière,
Une étoile rose, puis une étoile verte, puis une étoile bleue
Puis une étoile d’or brillaient dans ses yeux
Au bout d’une semaine, les oiseaux virent que le petit garçon
N’était plus triste et ils le dirent au joli poisson.
Tout content, le poisson revint et dit au prince ravi
« Tu peux venir avec moi aujourd’hui »
«J’ai un peu peur, répondit le petit garçon, mais j’en ai très envie »
« Tu ne dois pas avoir peur, dit le poisson joli
Car tu as été poisson dans une autre vie »
Alors le prince joyeux monta sur le dos du poisson heureux
Et ils disparurent tous les deux dans les flots bleus.
Blanche
DREVET
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