Ce matin,
la sonate claire du rouge gorge caché dans les fleurs du prunier
m’avertit que notre petit coin de terre
venait de se tourner vers le soleil solitaire.
Les forsythias, les groseilliers, les cognassiers
rayonnaient de jaune, de rose, de corail
sous les petites fleurs à la blancheur d’émail.
Près de la citerne, en face d’une rangée de boutons d’iris,
les tulipes orange toute fières
se dressaient au dessus des myosotis.
Le parfum de l’air gorgé de lumière
me donna envie d’aller sur les chemins.
J’étais dans le printemps,
dans la joie de l’instant
où nos sens en éveil
butinent comme les abeilles
nous délivrant des lourdes pensées de l’hiver.
Dans une symphonie de verts,
guidée par son gazoulli,
je cherchais de temps en temps au dessus de ma tête
l’invisible alouette
et, devancée sur un sentier joli
par le vol d’un petit azur ,
je souriais à la nature
et à toutes les fleurs
d’avril que je connais par cœur.
Dans la forêt, l’anémone blanche
avait laissé la place à la douce pervenche,
les gracieuses stellaires parsemaient
d’étoiles tous les talus
et les coucous blonds se penchaient
sur les grosses violettes groupées en coussins dodus.
Etendue sur l’herbe grasse, j’ai eu une pensée câline
pour mon jardin
qui a aussi un grand besoin
de sortir de l’hiver.
Je plongerai mes mains dans sa terre
comme j’aime le faire dans la farine.
J’en enlèverai les herbes mauvaises
pour qu’il se mette à l’aise
avant d’y semer les petites graines
qui deviendront les fleurs que j’aime :
Les grands tournesols ,les cosmos et les eschscholtzias ,
les zinnias si gais à côté des dahlias,
les lavatères, les soucis et les clarkias,
le lin fragile et les délicats pavots
puis je laisserai mon jardin sous la chaleur
du soleil cuire comme un gros gâteau
jusqu’à l’explosion de toutes les couleurs
du bonheur.
Blanche DREVET
A mon frère Jean DREVET
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