Pourquoi devenir plus grands ?
Peut-on mieux voir
La beauté
Qui nous entoure ?
La mémoire
Du pays de l’aurore,
Celui de l’amour
Qu’ils ont quitté,
Brille encore
Au fond de leurs prunelles.
La couleur de la peau
Ou celle des cheveux,
La forme du visage ou des yeux
Ne sont que les morceaux
Du grand puzzle coloré
Que forment les humains.
Ils protègent entre eux
Le grand secret
Du beau.
Ils savent que l’essentiel
Est de se prendre la main,
D’ être heureux,
De courir,
De rire,
Car bientôt
Ils ne seront plus des enfants.
Blanche Drevet
PAUSE
C’est une grande joie d’accueillir notre petit Johan pendant ces vacances car il a voyagé en Chine avec ses parents durant les deux mois d’été pour apprendre à parler correctement sa langue maternelle.
Quand je me penche avec mon appareil photo sur la beauté d’une fleur où s’est posé un insecte,
les pensées de Jean-Marie PELT lues dans son livre passionnant
» Les plantes: amours et civilisations végétales »
me reviennent aussitôt en mémoire.
« Entre les insectes et les fleurs, des collaborations toujours plus fines, plus élaborées ont été mises en œuvre et améliorées au fil des millénaires. Du coléoptère ravageur et dévastateur qui ne réalise la pollinisation que par accident, à l’abeille méticuleuse et organisée, capable de déclencher dans la fleur des mécanismes de haute précision, quel chemin parcouru, quelle économie de moyens, quel progrès dans l’organisation et l’efficacité du travail !
L’insecte, en amenant la fleur à perfectionner son architecture, se contraint lui-même à développer ses propres facultés psychosociologiques. Tel est bien le secret de toute véritable histoire d’amour : car un couple n’est vraiment réussi que dans le souci partagé de progrès et de l’épanouissement de l’autre. C’est en se déprenant de soi qu’on s’éprend d’autrui. C’est en perdant la vie qu’on la gagne.
Les plus belles fleurs de nos jardins et de nos serres n’existeraient pas sans les insectes, nos horticulteurs n’intervenant qu’en dernier ressort pour achever des chefs-d’œuvre qui ne sont pas de leur fait. Et il n’y aurait sans doute jamais eu ni abeilles, ni papillons si, il y a cent millions d’années, les plantes n’avaient inventé « la fleur ». »
« Étrange complémentarité du végétal vert qui synthétise la matière vivante grâce à la chlorophylle et de l’animal au sang rouge qui la consomme en respirant, grâce à l’hémoglobine, molécule à peine différente de la précédente ! La plante crée la matière vivante, elle ne stoppe jamais sa croissance et synthétise sans cesse. Car il lui faut pourvoir à la nourriture de l’animal qui la consomme et aussi à celle de l’homme qui, sa croissance stoppée, se contente d’entretenir sa structure et, dans les meilleurs des cas, transforme son énergie en force spirituelle.
Il est en effet singulier de constater que les végétaux ne cessent d’élaborer de la matière vivante et de croître en taille et en volume, alors que la plupart des animaux atteignent au bout de quelques années leur maturité physiologique à partir de laquelle ils se contentent d’entretenir leur structure sans plus l’accroître. Ils sont devenus adultes, mais pourquoi faire ?
Pour l’homme, on pourrait modestement formuler une hypothèse : le développement corporel accompli, le surcroît d’énergie ainsi disponible ne pourrait-il pas s’investir dans d’autres tâches et vers d’autres directions, et pourquoi pas justement vers celles qui font l’originalité et l’honneur de l’homme : celles de l’esprit. C’est ce qu’avaient compris, semble-t-il, d’autres civilisations, d’autres cultures, mais non la nôtre toute occupée à produire toujours plus pour réjouir et ménager des corps déjà comblés grâce au progrès du confort et aux mille satisfactions de ce qu’il est convenu d’appeler « la vie moderne » : serait-ce là notre erreur ? Sans doute.
Car l’espèce n’a qu’un avenir : celui de son propre dépassement au-delà des limites de l’univers matériel qui l’emprisonne et la réduit en esclavage ; et l’individu n’a qu’un programme : celui de s’accomplir dans ce qui lui est unique, original et essentiel, à travers la qualité, l’authenticité et la vérité des relations d’amour qu’il lie avec autrui. Car il faut croire à l’amour, à toutes les formes d’amour, en ces temps tragiques de régression de l’amour. »
Ma participation avec la lettre R
au jeu ABCEDAIRE
de DOMI
PROPRIÉTAIRE
Avec mes réflexes imbéciles
De propriétaire
Et de ménagère,
Je chasse de ma maison
Et j’écrase sans compassion
Toutes les locataires
A huit pattes poilues
Qui font des mouches leur principal menu,
Mais aussi les plus gracieuses et légères
Aux huit pattes fragiles
Qui pendant l’hiver
Ont pris gîte et couvert
Sous mon toit.
Pourtant je ne suis pas fière de moi
Quand au printemps ou en été
Je les regarde travailler
Sans compter les heures
A tisser leur demeure
Dans la forêt
Ou dans un pré
Dans un jardin
Ou au bord d’un chemin
Sans titre de propriété.
Elles choisissent en toute liberté,
Dans la nature sans frontière,
Deux graminées ou deux fougères,
Deux branches ou deux fleurs
Pour faire de la varappe ou de l’équilibre
Au bout des fils qu’elles secrètent ;
Je vous parle, bien sûr, des araignées libres
Que vous n’aimez pas beaucoup
Ou pas du tout,
Parce qu’elles vous font peur
Ou parce qu’elles sont carnivores !
C’est vrai qu’elles dévorent
Moucherons, abeilles et autres insectes
Mais ne vous régalez-vous pas comme moi aussi
De porcs, chèvres, canards ou truites frites ?
Blanche Drevet
à Alain et sa plume bleue
et à tous ceux et celles
qui aiment les roses !
Les roses de septembre
Ont attendu patiemment
La fin de l’été
Pour montrer leur beauté.
Les roses de septembre
Ont attendu longtemps
Avec patience
En silence
Que les pétales de leurs aînées
Prennent la teinte de l’ambre,
Glissent sur la terre,
Laissant en pleine lumière
Leurs âmes étoilées,
Petites étoiles sans beauté
Qui iront se cacher
En automne
Au centre
De chaque pomme.
Y aura-t-il en novembre
Un seul petit bourgeon tendre
Pour attendre
La mort des roses de septembre
Et choisir l’hiver
Pour se vêtir d’une parure éphémère ?
Blanche Drevet