Depuis une dizaine d’années, la majorité des habitants des pays réputés riches s’appauvrit, ce qui n’empêche pas certains, parmi la minorité riche, d’avoir des
problèmes car, quand on a acheté maisons et château secondaire, forêts, deux ou trois voitures, yacht, avion, diamants, toiles de maîtres, il faut bien trouver autre chose puisque la ligne
horizontale du verbe avoir ne s’arrête jamais… La mode donne toujours des idées…
HISTOIRE DE MODE
Peut-on acheter une île ?
Se disait-il :
Bien sûr !
Quand on a de l’argent,
Déjà tout, et qu’il faut un diamant
De plus !
Alors, pourquoi pas une île ?
Une île
Avec tout le confort
A prix d’or !
Mais quand on a acheté son île confortable
Et que l’on a alors plus que tout,
Qu’est ce que l’on a ?
On a
Un gros caillou
Entouré de sable
Et d’eau
Aussi bleue
Que la plus belle photo
Du magazine luxueux
En papier glacé !
Son île, il l’a achetée,
Il en a fait le tour
Tous les jours
En regardant la mer
Et le toit
De sa villa de milliardaire,
En disant : elle est à moi,
Elle est à moi !
Puis, se dit-il,
En regardant son île,
Qu’est ce qui est à moi au fond ?
Toujours le même chemin
Chaque matin,
Le même ciel bleu
La même eau bleue
La même maison
Les mêmes buissons
Les mêmes cailloux ronds
Les mêmes bruits
Le même ennui.
Blanche Drevet
N’ayant pas pu faire de photos, je vous laisse imaginer l’île
A l’heure où nous regardons se battre nos « politiques » sur notre écran de télévision, nous
pouvons nous demander si, dans cette bataille, l’utilisation de l’image est un progrès.
Je laisse Félix Tournachon dit Nadar répondre, en son temps, avec beaucoup d’humour à cette
question.
Journaliste puis caricaturiste, Nadar s’intéressa très tôt à la photographie qui, pour lui, était un art
car chaque photo devait exprimer le caractère de son modèle. Ayant fait le portrait de presque toutes les grandes personnalités et célébrités de son époque, il a eu le temps dans le silence de
son atelier de réfléchir à la petitesse et à la grandeur humaines. Les portraits de Jules Verne, George Sand, Gioacchino Rossini, Emile Zola, Eugène Delacroix, George Clémenceau, Edouard Manet,
Adolphe Thiers, Sarah Bernhardt et bien d’autres savent nous parler d’eux-mêmes.
Mort en 1910 à 90 ans, Nadar est un grand témoin du XIX
siècle et son livre « Quand j’étais photographe » est passionnant .Que dirait-il de l’utilisation de la photographie et de toutes les nouvelles images du XXI siècle s’il revenait parmi
nous, lui dont la philosophie se résumait dans cette belle phrase : « Chercher l’honneur avant le profit est le plus sûr moyen de trouver le profit avec
l’honneur » ?
Félix Tournachon dit NADAR
Quand j’étais photographe
« Nous avons fait aux femmes une réputation de coquetterie, qu’entre nous elles auraient le plus grand tort de ne pas
mériter ; mais cette sollicitude constante de l’effet déterminé par notre aspect physique, cette coquetterie est bien autrement reprochable à l’homme lui-même. Ceci, je l’ai trop de fois vu,
et de la bonne place où l’on peut le mieux voir. Rien chez la femme ne peut donner l’idée de l’infatuation de certains hommes et du souci permanent de leur « paraître » chez la majorité
d’entre eux…
J’ai trouvé chez des hommes réputés graves entre tous, chez les personnages les plus éminents, l’inquiétude, l’agitation
extrême, presque l’angoisse à propos du plus insignifiant détail de leur tenue ou d’une nuance dans leur expression. C’en était attristant, parfois même répugnant : il m’en retomba un une
fois, dès le grand matin du lendemain de sa visite d’épreuves, tout endérouté par un cheveu – je dis un cheveu – qui se trouvait dépasser la ligne et
qu’il tenait absolument à voir rentrer dans le rang. « Mais y aura-t-il moyen Monsieur Nadar ? Ne vaudrait-il pas mieux recommencer ? » C’est ce que cet homme solennel venait
me demander dès l’aube tout affaire cessante. De la nuit entière il n’avait pu fermer l’œil et en toute candeur, il me l’avouait…
Mais veut-on contempler l’infatuation masculine poussée jusqu’à la folie ? Quelle démonstration plus explicite, cette
inexplicable inconscience de certains candidats politiciens professionnels qui ont imaginé comme suprême décisif moyen d’entraînement d’adresser à
leurs électeurs leur photographie, leur propre image de marchands de paroles ? Quelle vertu d’attraction ces gens là peuvent-ils donc supposer en leurs visages honteux où toutes les laideurs
humaines s’arborent, où suent la bassesse, l’ignominieux mensonge et toutes les dénonciations physiognostiques de la duplicité, de la convoitise, du péculat, de la déprédation ? N’est-elle
pas le comble de la monogamie égotique cette hallucination qui ne doute pas d’enlever le suffrage de tous les cœurs par la présentation de pareils museaux ? »
WIKIPEDIA autoportrait et photo
LA PHOTO DE LA
FONTAINE
Le doigt du photographe
A tué le temps.
Avec la grâce
De la Belle au Bois Dormant
La silhouette de la fontaine
S’est figée
Sur le papier.
Le silence a encerclé l’instant
Et le chant
De la fontaine
S’est tu
Au coin de la
rue.
Il ne rappelle plus au passant
Qu’il est né poisson
Et que sa vie s’écoule vers l’infini sidéral.
Les gouttes d’eau sont devenues cristal
Et, dans leurs cœurs
De pierre,
La lumière
Fait vibrer les couleurs.
Blanche
DREVET
L’automne a laissé la place à l’hiver, mais ses belles couleurs réchauffent encore mon coeur et aussi celui de MARTINE à qui je souhaite une
très bonne fête. Je publie un de ses jolis poèmes en souvenir de son blog ROMANTIC où j’aimais tant me promener et qui est à l’origine de notre amitié.
Petits
poèmes d’automne.
La feuille rouge de l’érable face au vent
Fait des cabrioles, se retourne et s’envole
En oubliant l’été qui a fermé son auvent
L’automne enfilant son costume caracole.
La rivière aux yeux bleus allonge ses bras
Pour attraper un morceau de soleil
Qui déjà succombe sous le poids du nuage
bas
Adieu bel été qui emporte un bout de ciel.
Frivole été où nous nous roulions dans
l’herbe
Toute chaude comme des croissants au beurre
Le temps emmène les feuilles à travers la
lueur
Du réverbère où, même la plume cherche son
verbe.
ROMANTIC
Pourquoi republier un article sur ce splendide tableau de Jan Van Eyck, La Vierge au Chancelier Rolin, appelé aussi La
Vierge d’Autun ?
Je pense que notre évolution intérieure a la forme d’une spirale, ce qui veut dire que nous rencontrons souvent plusieurs mois
ou plusieurs années après les mêmes choses ou des évènements identiques que nous regardons avec un regard différent ou complémentaire.
un passage du livre de Christian Jacques « le message des constructeurs de
cathédrales » m’a fait cadeau de l’idée d’universalité dans le temps et dans l’espace pour cette merveilleuse Vierge de la fin du Moyen
–Age que j’ai appelée La Vierge du Silence :
« Au Moyen-âge, la Vierge est désignée comme ciel et trône de Dieu, ciel
qui élève le soleil de vérité, nuage léger contenant la lumière. Ces connotations cosmiques rappellent de manière fort claire, la symbolique de la déesse égyptienne Nout. Dans la symbolique
égyptienne, Nout était proche de la déesse Isis. Le culte de cette dernière connut une diffusion prodigieuse en Occident où il se maintint jusqu’au V siècle après JC…Isis portant Horus,
l’enfant-dieu, sur ses genoux, inspira le thème de la Vierge tenant le Christ-enfant de la même manière. Au-delà de l’illustration de l’amour maternel, il faut voir dans cette composition
symbolique l’affirmation de la Vierge comme trône de la Sagesse. Le nom Isis, en égyptien, signifie probablement Trône et il est particulièrement intéressant de voir que la Vierge chrétienne
préserve la même tradition. »
LA VIERGE AU CHANCELIER ROLLIN de JEAN VAN EYCK
Ou
LA
VIERGE DU SILENCE
C’est un merveilleux tableau qui se trouve au Louvre.
Il nous enseigne ce que la
Vierge a toujours enseigné :
LE SILENCE,
le vrai silence intérieur qui est la seule voie qui nous permette d’atteindre l’invisible.
Ce qui m’a frappée d’abord,
c’est que le visage de la Vierge ressemble à celui de l’Ange comme pour nous dire que la Vierge appartient déjà au monde céleste.
Les ailes de l’Ange ont les couleurs de l’arc en ciel car nos yeux sont
incapables de voir la lumière blanche céleste qui se décompose alors quand l’Ange prend une apparence terrestre.
Le tableau a la forme d’une
croix dont le symbole est la liberté de l’homme entre la ligne de l’éternel présent vertical qui mène à l’intérieur du soi
éternel
et la ligne horizontale de la vie extérieure de l’homme qui s’étend dans le temps et l’espace quand il
conjugue le verbe avoir. Seul le silence permet d’atteindre la ligne verticale de l’être intérieur .La Vierge Marie nous apprend le silence.
Elle est la reine du silence qui seul permet d’ouvrir la porte du royaume invisible. Sa royauté se voit à son manteau rouge et à sa couronne.
Mais il y a deux sortes de silence: le silence extérieur et le silence intérieur.
Sur ce tableau, le silence est délimité par la ligne horizontale de la
promenade du château où se trouvent les deux petits personnages qui se penchent vers le monde extérieur. Cette ligne est coupée en son milieu par une ligne verticale invisible. Au centre de cette
croix qui est le centre du tableau se trouve un groupe de lis blancs, symbole de pureté. A gauche de ce centre fleuri, il y a deux pies dites bavardes: ce tableau est vraiment la représentation
du silence qui règne à l’intérieur de la pièce.
Mais le vrai silence ne se trouve qu’à droite: La Vierge et l’Ange ont le regard tourné vers leur être
intérieur et portent des manteaux de couleur unie: Rouge pour la Vierge symbolisant la royauté et l’amour parfait. Bleu pour l’Ange ainsi que le prie-Dieu et la robe de la Vierge que l’on devine,
le bleu étant la couleur de l’au-delà qui s’élève comme la flamme de la bougie vers la lumière blanche aveuglante de Dieu qui contient toutes les couleurs. L’enfant Jésus a les yeux ouverts mais
il a le regard intérieur et lointain qui englobe tout l’univers de l’infiniment petit à l’infiniment grand.
A gauche, le chancelier Rollin prie dans le silence mais son silence n’est pas intérieur .Son regard est
horizontal: Il regarde à l’extérieur la Vierge et l’enfant Jésus. Son habit est décoré de dessins qui montrent son attachement à l’apparence extérieure. Au dessus de sa tête, les sculptures des
chapiteaux symbolisent toutes les pensées qui l’assaillent, et juste à côté de lui, à l’extérieur, trois paons indiquent ses désirs d’ascension sociale. Même si, les mains jointes, le chancelier
est en attitude de prière, le livre ouvert sur le prie-Dieu atteste que sa prière ne vient pas de l’intérieur.
A l’extérieur, le fleuve qui provient des neiges éternelles de la montagne serpente dans la nature et coupe
la ville en deux, manifestant ainsi la loi de la dualité de notre monde terrestre.
Les deux parties de la ville sont reliées par un pont où
passe la foule des êtres qui ne vivent que sur la ligne horizontale de l’existence dans le bruit et la course au verbe avoir.
Seuls deux petits personnages se sont arrêtés dans l’axe de la ligne verticale du centre du tableau où
serpente le fleuve qu’ils regardent couler.
L’eau du fleuve
qui provient des neiges silencieuses et éternelles de la montagne est le symbole de l’éternel présent qui contient le passé, le présent et
le futur. L’éternel présent est sur la ligne verticale, là où il n’y a plus ni espace, ni temps. Atteindre cet éternel présent intérieur est une élévation vers le sommet de la montagne
que l’on ne distingue jamais quand on entreprend l’ascension, parce que ce sommet que l’on peut appeler Dieu, c’est le point qui contient Tout et
d’où Tout provient.
Tout paysage, aussi laid soit-il, retrouve la beauté quand
il est recouvert de neige, la beauté dans le silence, ce qui prouve que la beauté réelle est intérieure et silencieuse. Le silence intérieur est
nécessaire pour atteindre le sommet intérieur et quand on l’a atteint, on ressent alors une grande joie et un grand sentiment de sérénité.
Blanche DREVET
Le chancelier Rolin fut au XV siècle un grand homme d’Etat au service du duc de Bourgogne, Philippe le Bon .Sa charge dura une
quarantaine d’années pendant lesquelles il agrandit la superficie de la Bourgogne qui s’étendit de Dijon à Bruges.
C’était un homme de pouvoir très préoccupé du salut de son âme qui fit don à l’église Notre –Dame d’Autun d’une statue de la
Vierge en argent massif avec une couronne en or et qui fit construire les Hospices de Beaune.