Vocalises
La sainte Catherine
Arrive !
Ce matin je jardine !
Je plante mes tulipes.
Lui, à la cime
Du prunier, il vocalise
Puis il se tait. C’est signe
Qu’il a vu un ver qui se tortille.
Il trouve que je ne vais pas assez vite
Car il a le ventre vide
Et que bientôt la sainte Catherine
Arrive !
Alors, je m’arrête avec un sourire,
Je fais quelques pas,
Puis, immobile,
Je le laisse tranquille
Prendre son repas.
Blanche DREVET
RENCONTRE
Penchée en silence
Sur cette merveilleuse
Rencontre amoureuse
De la fleur immobile sur sa tige
Et de l’insecte qui voltige,
Mon cœur s’ouvre à l’espérance.
Ma raison, elle, se demande inutilement,
Je le sais, quel est le don le plus grand :
Celui de la fleur qui offre son nectar
Et sa beauté, le regard
Tourné en vain vers le ciel lumineux,
Ou celui de l’insecte poudreux
Qui transporte son pollen précieux,
Souvent au prix de sa vie,
En rêvant de se reposer heureux ?
Pourrons-nous un jour
Comprendre cet étrange amour ?
Mais est-ce si important,
Réponds mon cœur,
De comprendre la magie
D’un tel bonheur ?
N’est-il pas plus important
De la recevoir
Comme un cadeau de vie
Et d’espoir
Pour NOTRE VIE ?
Blanche Drevet
Un beau rayon de soleil matinal me donne une grande envie d’aller respirer l’air de la belle nature qui m’environne, mais avant d’enfiler mes chaussures, j’ai l’idée
de vous offrir les quatre plus beaux textes que j’ai lu sur LA MARCHE. Je suis sûre qu’ils vous donneront aussi l’envie d’aller sur les petites routes et les beaux chemins de notre pays.
Blanche
DE LA MARCHE
« Je crois que je ne pourrais entretenir ma santé physique et intellectuelle si
je ne passais pas au moins quatre heures par jour-et souvent davantage- à me balader dans les bois, par les collines et les champs, totalement libre de toute contingence matérielle. On peut dire
en toute sécurité que ce sont là des pensées à un sou ou à mille livres. Quand il m’arrive de me rappeler que les artisans et les commerçants restent dans leurs boutiques non seulement toute la
matinée, mais aussi tout l’après midi, assis les jambes croisées, -comme si les jambes étaient faites pour s’asseoir, et non pour se mettre debout et marcher-, je pense qu’ils ont bien du mérite
de ne pas s’être suicidés depuis longtemps. »
Henry David THOREAU
(1817-1906)
« Les mots poussent sur les chemins aussi dru que le
trèfle. J’irai les cueillir.
Une fois de plus, j’irai déchirer mes lourdeurs aux ronces des
haies, perdre l’année sous les halliers, détricoter le temps comme on le fait d’un chandail, noyer ma fatigue au brun vert des ruisseaux et m’emplir de rien, de soleil et de mots. Trouver l’usage
du monde. »
Anne LE MAÎTRE Carnet d’Aubrac (2005)
« La marche est porteuse de rêves. Elle s’accommode mal de la réflexion
construite. Cette dernière est plus à l’aise dans la contemplation, les yeux mi-clos, le corps posé sur le mol oreiller d’un sable fin, faisant la méridienne à l’ombre d’une pinède. La marche est
action, élan, mouvement.
Dans l’effort, sans cesse sollicité par
les mutations imperceptibles du paysage, la course des nuages, les sautes du vent, les flaques de la route, le frémissement des blés, la pourpre des cerises, l’odeur des foins coupés ou des
mimosas en fleurs, l’esprit s’affole, se fractionne, répugne au travail continu. La pensée butine, vendange, moissonne des images, des sensations,
des parfums qu’elle met de côté, pour plus tard quand, le nid regagné, sera venu le temps de les trier, de leur donner un sens. »
« Les bonheurs de la marche ne sont pas octroyés. Il faut les conquérir, et pour
cela respecter des règles simples. Au début le corps humain ne sait rien. Il faut donc aussi doucement que possible, l’entraîner à l’effort. Aller trop vite conduit aux douleurs, courbatures,
blessures, d’autant plus longue à guérir que la tâche est quotidienne. L’arbitre est en nous, dans chaque fibre, chaque articulation. Mais s’il est débile aux premiers jours, notre organisme
n’accepte pas nos faiblesses. Il ne pleurniche pas, il répare, travaille. Tel muscle est rabougri, recroquevillé, famélique ? Il le nourrit, l’assouplit, l’oxygène jusqu’à ce qu’il parvienne
à l’équilibre. Lorsque cet état survient, alors arrive le temps de l’épanouissement, de la jouissance physique. La randonnée fabrique et installe l’harmonie. »
Bernard OLLIVIER Longue
marche (de 1999 à 2002, Bernard OLLIVIER a parcouru en quatre étapes douze mille kilomètres de marche à pied
en solitaire d’Istanbul à Xi’an en Chine en longeant l’ancienne route de la soie)
« Les discussions s’amenuisèrent d’elles-mêmes dans notre foulée. Les pas
emportent la parole vers les lointains. Ils ont leur langage propre et imposent silence à l’être tout entier. Le chemin, cet allié de passage, se nourrit de leur énergie en vidant peu à peu le
marcheur de tout ce qui l’encombre. Son emprise a pour but de l’emmener plus loin, au-delà des frontières de ses rêves et même de toute espérance, vers un ailleurs de lui-même qu’il ne
soupçonnait pas. »
Laure BARLET Bouffée
bleue (un petit livre joliment écrit qui raconte l’aventure d’une exposition de peinture)
Voir son blog http://bleue-farandole.com
poème offert à Victor à qui j’ai volé ce beau regard !
je suis heureuse d’avoir rencontré, grâce à la communauté SCALP, son blog lesoeuvresdevictor.over-blog.com que j’ai trouvé très riche
REGARD
Je l’ai rencontrée
Au détour d’un joli sentier virtuel
Et me suis arrêtée :
Elle était si belle
Dans l’ovale de son visage
De pieuse madone
Au regard sage
Teinté de la douce mélancolie
D’une source d’automne !
Elle m’a dit
« Je ne suis qu’une femme de papier
Légère comme une feuille
Où quelques traits de crayon
Ont fait vibrer chaque œil
En ailes de papillon.
Mon corps est invisible sur ce dessin
Et j’admire souvent avec envie
Les corps harmonieux des statues de jardin
Auxquels le sculpteur a donné vie.
Pourtant, lorsque je regarde leurs yeux éteints,
Je sais qu’elles n’ont que la vie éphémère
Qui palpite en leurs seins,
Alors que l’artiste dont je suis fière
M’a fait don d’une âme,
Cet immense océan
Qui se cache derrière mes prunelles en flamme !
Si vous plongez dedans,
Vous connaîtrez l’infini au-delà des apparences. »
Je lui ai souri en silence
Et j’ai plongé dans son univers
Entre les étoiles du ciel et celles de la mer.
Blanche Drevet
SOURIRE AUX NUAGES
Son sourire soutient
Des montagnes de nuages soyeux
Qui ne pèsent rien.
Elle voyage parmi eux
Serrant l’oiseau d’acier blanc
Minuscule
Virgule
Sur l’hydrophile océan.
Elle sait que si son sourire s’évanouit,
Son regard vers la terre
Pèsera lourd sur le dos
De l’oiseau.
Alors, elle sourit légère
Soutenant les nuages d’eau de pluie
Où glisse l’oiseau de feu
Portant sur ses ailes
La voûte bleue
Du ciel.
Blanche DREVET