L’AMARYLLIS
Au cœur d’un oignon
Reposait la vie
Invisible, blottie
Au centre de cette petite sphère.
Je le mis dans un pot
Avec un peu de sable, un peu de terre
Puis un peu d’eau
Et j’attendis.
Avec patience,
Avec confiance,
J’attendis un mois et demi
Le miracle de la vie végétale.
Une petite langue verte en sortit
Puis grandit, grandit, grandit
Jusqu’à devenir une haute tige verticale
Qui soutenait quatre énormes boutons
Veinés de violet.
Après des jours et des jours d’espérance,
La naissance
De la première fleur
S’accomplit la nuit
Et garda son secret.
A mon réveil,
Mon âme remplie
D’un immense bonheur,
Buvait la beauté vermeille
De l’Amaryllis
Qui m’offrait avec amour
Ses larges pétales de velours
Au nombre de six.
En touchant du bout des doigts
Sa robe rouge sombre
Tissée de fils d’or royal,
Je sentis monter en moi
La joie totale
De l’harmonie des nombres :
La fleur,
Dans toute sa splendeur,
Dessinait l’étoile du roi Salomon.
« Dieu géométrisa. »
Me souffla Platon
Depuis l’Au-delà.
Blanche
DREVET
photo du web
UN JEUNE HÊTRE FOU
La forêt semble en deuil
Sous le silence et sous la pluie.
L’air sent le parfum de toutes les
feuilles
Qui ont donné leur vie
Pour la nourrir.
Pourtant, derrière un tronc sombre et
sévère
Une étrange lumière
Balaye comme un phare
Les perles de pluie sur les branches
mouillées
Et les petites flammes rouges des
merisiers
Parsemées sur le sol roux.
C’est un jeune hêtre fou
Qui dresse ses rameaux noirs
Et refuse de mourir.
Ses feuilles ont perdu leur
chlorophylle
Mais, gorgées des rayons du
soleil,
Elles ont pris la couleur de la
lune
Et, dans la forêt qui
sommeille,
Elles éclairent les ombres
brunes
De craintifs sangliers
Qui, sans bruit, se faufilent
Entre les fourrés.
Blanche DREVET
En ce mois de novembre où le vent fait valser les feuilles multicolores, je laisse le jeune poète Jonathan vous emmener dans les forêts anciennes qui lui ont aussi inspiré deux beaux pastels
Forêt
Feuille à feuille
D’homme à homme
Griffonnages oniriques
Dans les forêts anciennes
Les chemins aux doigts noueux
Bruissant de terre
Cachent un hier
Où les doigts de Satan
Faisaient sentir leurs longues et limpides caresses
Chuchoter les villages, et rire les enfants
En drapant les marais des grands voiles d’osmonde
Que le monde
A délaissé pour les draps de satin.
Feuille à feuille
D’homme à homme
Dans les forêts anciennes
Elle, si forte
Au dessous de ces branches qui frissonnent
M’exhorte
À délaisser les hommes
Pour chasser l’aube brune
Dans les cimes argentées
Pour embrasser la lune
Pour écarter les prés.
Feuille à feuille
Dans les forêts anciennes
Plus rien n’existe encore
Que les effleurements frêles
Des racines
Et des corps
Encore
Feuille à feuille
Jonathan LOCQUEVILLE
Notre civilisation occidentale avide de
richesses matérielles a fait disparaître les civilisations qui respectaient la vie et qui vivaient en harmonie avec la nature, en autres : la civilisation celtique et la civilisation
amérindienne, mais le savoir pourtant oral de ces civilisations ne s’est pas éteint et s’est transmis jusqu’à nos jours. Des druides vivent toujours en Europe et les paroles des grands sages
indiens d’Amérique du Nord ont été écrites, publiées et sont parvenues jusqu’à nous. En les lisant, j’y ai trouvé 6 idées (unité, élévation, silence, beauté, amour, universalité ) que j’ai illustrées par les pensées et les regards de 6 grands écrivains et 6 grands peintres de notre civilisation. Il y a toujours eu des êtres d’exception
pour tourner le dos à notre civilisation matérialiste.
Ma cinquième idée trouvée dans les paroles des sages indiens dAmérique du
Nord et illustrée par les écrivains, poètes et peintres de notre civilisation :
AIMER DONNE DE L’ENERGIE
PAROLES INDIENNES
L’amour est
une chose que toi et moi nous devons connaître. Nous le devons car notre esprit se nourrit de sa force. Nous le devons car sans lui nous devenons
faibles et fragiles. Sans lui, le courage nous manque. Sans lui nous perdons confiance dans le monde.
Pourquoi prends-tu par la force ce que tu
pourrais obtenir par l’amour ?
RAINER MARIA
RILKE
Croyez en un amour qui vous est réservé comme un héritage et soyez assuré que dans cet amour il y a une force et une bénédiction que vous
n’aurez pas à rejeter pour continuer votre chemin.
VINCENT VAN GOGH
Le bon samaritain d’après un tableau d’Eugène Delacroix
» Il est bon d’aimer autant que l’on peut car c’est là que git la vraie force «
lettre de Vincent à son frère Théo
La Forêt, la Nuit et le
Temps
Je me souviens petite
fille
des soirs d’hiver
gelé
au retour des réunions
de famille.
Le nez collé à la vitre
glacée
défilaient et dansaient
les arbres d’or
de la forêt. Ils étaient
le décor
de grands rêves où
souriait la reine d’un univers
de lune
imaginaire.
Maintenant mon
père
ne conduit plus sur
terre.
Il est parti et c’est
moi qui conduis.
Je ne suis plus la reine
de la nuit.
Je ne regarde plus les
arbres de lumière
penchés sur la route
forestière.
Ce sont eux qui me
regardent déesse
ou sorcière prisonnière
de la vitesse.
Ils m’attirent de tous
leurs yeux
vers leur monde noir et
mystérieux.
Je sais qu’un jour
de lune ronde
je franchirai le seuil
interdit de l’ombre
sous des milliers de
prunelles qui luisent derrière les branches
mais ce soir, serrée par
le temps, je m’enfuis sur la ligne blanche.
Blanche DREVET