LE PERCE-NEIGE
Un jour de février,
Sa mince tige verte
Et ses feuilles effilées osèrent
Percer le scintillant tapis
De la neige !
On l’appela Perce Neige !
Pour se faire pardonner,
Il se pencha pendant des heures
Avec tant de modestie,
Que ses quatre pétales
Gardèrent l’éclat
De sa blancheur !
Blanche DREVET
MARS
Mars, dieu de la guerre
Mais aussi fête de la lumière
Du Printemps !
Elle commence
Avec la danse
Des papillons légers et contents
Au-dessus des
pâquerettes,
Avec la première ciboulette
Qui parfume la tarte au fromage blanc,
Avec le bonheur
De croquer les premiers radis au beurre
En écoutant le bourdonnement d’une abeille
Rentrée par
erreur,
Avec les primevères écloses
Qui dessinent des étoiles roses
Sur l’herbe verte du jardin,
Avec, dans le petit matin
Encore enveloppé de nuit,
Le sifflement des merles
Qui donne envie de sortir du lit
Et, quand le jour apparaît dans le ciel gris perle,
Avec le forsythia, buisson roi soleil,
Qui vous éblouit
De son jaune flamboyant.
Blanche DREVET
Métamorphose
Un pauvre sourire
oublié
Errait parmi les feuilles mortes,
Transi sur le pavé mouillé
Attendant qu’un diable l’emporte.
Devant son désespoir, que faire ?
Le
conduire au commissariat,
Rechercher son propriétaire …
J’ai bien vu qu’il n’y tenait pas.
Je
l’ai glissé sous ma casquette,
Songeant : « Ca peut toujours servir !
Un
sourire, c’est une fête,
Un
petit rien qui fait plaisir. »
Soudain, ce fut comme un éclair :
Un
vrai bonheur qui se dévoile,
Le
monde au grand jour, bras ouverts,
Palpitant de millions d’étoiles !
Tout était devenu splendide.
La
vie, les gens… J’étais un roi.
Malgré mon escarcelle vide,
J’avais de l’or au bout des doigts.
Le
ciel gris parlait de voyages,
La
pluie pianotait sur le toit
Un
air qui redonnait courage
Fleurant bon les champs et les bois …
Depuis lors, levant ma casquette,
Le
cœur léger, sûr de mon pas,
A
tout venant, je fais risette,
Même aux gens que je n’aime pas !
Alain Gautron
La joie
Je suis le vent
Parce que
vent,
Je l’ai nommé,
Je
suis la musique
Du vent
déchaîné
Parce que le vent
Ne sait pas qu’il est
musique.
Je
suis fougère
Parce que j’ai dit à la
fougère
Qu’elle est
gracieuse et légère.
Je
suis l’or pourpre, l’or vert,
L’or jaune des chênes et des hêtres.
Je suis
le miracle de la lumière
Qui glisse sur le
feuillage
Dans l’espace du
silence
Où
le vent est resté sage.
Je suis la vie des bois immenses,
Je suis la joie du matin
Parce que la joie est un mot
humain
Qui
jaillit avec la lettre j du jet
bleu,
Brille avec l’o de l’or
mystérieux,
Scintille au fond de l’iris de mes yeux
Blanche
DREVET
Et fait chanter mon être joyeux.
PENICHE
Sur sa péniche
rouge et
blanche,
debout comme un signal
dans la vapeur grise du canal,
l’homme tient la miche
de pain dans le creux de sa
manche.
C’est un matin de dimanche
sans couleur de voyage
sans nuage
sous les branches.
Dans la vapeur grise du
canal ,
debout comme un signal,
le couteau à la main,
l’homme coupe une tranche
de pain
dans l’odeur de café du dimanche.
Blanche DREVET