Mes pommes reinettes
Le bruit gris
De la pluie
Me ramène
Sur le banc de l’école
Où l’on fredonne
Encore les poèmes
D’automnes monotones
De Paul Verlaine,
Emile Verhaeren
Et Maurice Carème.
Mais soudain,
Les feuilles s’envolent :
Le soleil a chassé
L’ennui, la pluie,
Les nuages gris
Et doré mon petit pommier !
J’ai le cœur en fête
Car demain matin
Je croquerai deux pommes reinettes !
Blanche DREVET
PS : cette année mon pommier a plutôt gâté les merles ! mais je garde encore le souvenir des délicieuses pommes de l »année dernière
LE CINQUIEME ELEMENT
Très haut dans le ciel
Il étend ses ailes
Se balance
En silence
Au rythme vert et blanc
De l’océan
Qui s’enroule
Et se déroule.
Sous le roulement assourdissant
De l’eau et du sel
Il entend
Le volcan qui explose
Et dessine une île de dentelle
Grise et rose.
Puis, soulevé dans un tourbillon,
Ebloui d’air, de terre
Et d’eau,
L’oiseau
Embrasse l’horizon
Et fixe de son œil bleu
Le point de l’instant
Où se jette l’océan
Aveuglé par le feu de l’astre d’été,
Il sent naître en son cœur étoilé
La fleur de lumière
Blanche DREVET
Taïaut, taïaut !
En cette fin d’été
L’œil bleu de la chicorée
Sourit de sa beauté
Mais le héron cendré
Cherche désespéré
L’eau de la source aux fées
Le temps passe !
Avec septembre arrive la chasse !
Des engins de mort
Faits de bois lisse
Se hérissent
Aux bords
De la forêt peuplée
D’animaux apeurés.
Le petit chemin de lumière
Ressemble à un calvaire
Les humains
Qui jouent avec la mort,
Le ventre plein,
Ignorent
Qu’elle les dévore
Déjà de l’intérieur
Et que bientôt
Ce sera leur heure !
Taïaut, taïaut !
Pleure le cœur bleu de la chicorée
En cette fin d’été.
Blanche Drevet
Une bulle de savon
S’élève, sphère légère
Et transparente,
Sur un invisible coussin d’air.
Le savant la remplit
De mille interrogations
Sur les lois décevantes
De la physique et de la chimie.
Mais la jolie bulle de savon
Semble préférer
Les rêves de beauté
Et de perfection
Du poète le nez au ciel !
« Ni le poète, ni le savant ! »
Répond-elle,
« J’appartiens à l’enfant
Qui ne connaît pas les lois de la physique !
Il a une baguette magique
Et me transforme, en avion, en papillon
Et même en maison-champignon !
Il a percé le secret
De mon entrée
Et créé dans mon
intérieur
Un joyeux décor
De toutes les couleurs
Pour un long voyage
Sur les ailes d’un oiseau
Jusqu’à ce que j’éclate très haut
Comme son rire en perles d’or
Accrochées aux nuages !
Puis, sérieux, en silence, il repique
Sa baguette magique
Dans le savon
Et souffle, face au soleil
Tout rond,
Une nouvelle bulle couleur de miel ! »
Blanche DREVET
Dame Nature a habillé d’un beau rouge flamboyant les coquelicots, fleurs sauvages de l’été, mais elle n’a pas oublié la famille des insectes ! dans cette nombreuse
famille, il y a une jolie demoiselle ; elle est assez rare et il faut avoir de la chance pour l’apercevoir au bord d’un étang ! après avoir passé la première partie de sa vie sous
l’eau, elle ressemble avec ses quatre ailes à un feu follet qui glisse à toute allure au- dessus des eaux calmes : je n’ai pas pu l’emprisonner dans mon petit appareil-photo, mais vous me
croirez ou pas si je vous dis qu’elle existe :
LA LIBELLULE ROUGE
La houle symphonique du vent
chante dans les feuilles, glisse sur l’étang ,
dessine des rides
en demi-cercles paisibles .
Assise sur la terre humide,
sans mouvement,
au royaume des crapauds et des oiseaux,
mes yeux se baignent dans l’eau
avec les troncs des grands arbres au repos.
Seule bouge
à angles droits
la farouche libellule rouge
qui , en un éclair, se pose sur
moi.
Ses deux yeux ronds aux reflets de métal
tracent sur mon âme de géante
les signes de paix rayonnante
de la langue végétale.
Blanche DREVET