Tu fleuris, guilleret,
Bien avant l’été
Au bord des champs de blé
En compagnie des bleuets,
Rouge coquelicot,
Petit cousin sauvage
Du grand prince pavot !
Quand la brise légère et joyeuse
Soulève les quatre pans vermillon
De ta jupe soyeuse,
Un joli corsage
Protège tes noires étamines
Des pucerons gloutons !
Mais quand le vent entre en colère,
Tu as bien mauvaise mine,
Pauvre coquelicot !
Ta vie est éphémère
Et, sans dire un mot,
Tu regardes tes pétales s’envoler
Dans la lumière blanche de l’été.
Blanche
Drevet
Fête des Mères,
Fête des Pères,
C’est bien plus que deux articles de journal
Ou deux fêtes commerciales !
Cela fait tant de bien une fête de famille
Entre fils et filles, fils ou fille !
C’est si bon de recevoir
Un dessin de son petit enfant
Timide et plein d’espoir
D’entendre un compliment de papa ou maman
Et d’être embrassé tendrement !
C’est si bon de recevoir un baiser,
Un cadeau, une rose ou une autre fleur
Et de montrer son bonheur
A son enfant plein de gaieté !
C’est si bon d’entendre
Sur les ondes quand on est triste ou las
Une voix chère et tendre
Vous dire « bonne fête Papa »
Ou « bonne fête Maman »
Même si ce n’est qu’une fois par an !
Si seulement
Ce bonheur familial,
Immense gâteau royal,
Pouvait se partager et donner une part de roi
A tous ceux et celles
Qui ne connaissent pas la joie
En ces dimanches de printemps
Où leurs cœurs sont si seuls !
A tous les enfants divisés
Entre père et mère,
A tous les enfants rejetés et amers,
A tous les parents abandonnés,
A tous ceux et celles qui ne connaissent
Que les visites, l’âme en détresse,
A l’hôpital ou à la prison,
A tous celles qui voudraient êtres mères,
A tous ceux qui voudraient être pères
Et à qui le destin a dit non,
A toutes les mères, à tous les pères solitaires
Qui vont se recueillir au cimetière,
A toutes les mères, à tous les pères
De la terre
Qui ne peuvent plus crier
Devant leurs enfants massacrés,
A tous les orphelines et orphelins
Qui tendent leurs mains
Vers le ciel étoilé
Pour recevoir la caresse
De celui ou celle qui les a aimés
Avec tendresse
Et les aimera toujours
D’un grand amour.
Blanche Drevet
FORÊT, SOURCE DE VIE
Dans un bain de chaude moiteur
La forêt sent gonfler son cœur
D’un immense bonheur.
Le présent n’a pas d’heure,
Elle abrite sous les bras de ses géants
Une foule heureuse d’êtres vivants.
Ils respirent, ils sentent que la terre se soulève.
Des racines gorgées d’eau envoient des jets de sève
Rayonnante dans la plus petite herbe discrète,
Dans tous les troncs et les branches, là où vit l’âme secrète
De la forêt, là où les oiseaux bénissent la pluie
En jolis gazouillis, en mille petits cris.
Les tendres fougères nouvelles
Se déroulent vers le ciel,
Rêvant à la puissance végétale
De leurs sœurs tropicales,
Et, au sol, un humble bousier travaille avec ardeur
A la survie de ce monde enchanteur,
Sous le regard d’une limace
Qui, sans aucune gêne
Ni vertige, se prélasse
Sur le tronc d’un chêne.
Les minuscules insectes, cibles
Des araignées invisibles
Se reposent. Sous la vapeur
Du brouillard, ils distinguent leurs demeures,
Mais, patientes, leurs huit pattes en éveil,
Les araignées attendent le retour du soleil.
Les mammifères, eux, dorment encore, serrés
A l’ombre de leurs terriers.
Ils connaissent le miracle de l’eau
Et attendent la fraîcheur de la nuit
Pour se désaltérer au ruisseau
Dans le silence et la joie infinie.
Mille yeux suivent les pas de l’humaine solitaire
Qui marche sur le chemin de terre,
Les poumons parfumés de toutes les odeurs,
Le cœur ouvert à l’unisson du grand cœur
De la forêt qui bat au rythme de la vie,
Loin des humains enfermés dans leurs cités de peur
Et qui pleurent
Sous la pluie.
Blanche DREVET
Ce vent glacé d’avril me rappelle l’histoire d’une courageuse rose rouge un jour d’hiver :
LA ROSE ROUGE
Dans la grande solitude de
l’hiver
Où rien ne bouge,
La rose rouge
Sut qu’elle allait
mourir.
Son cœur n’en fut pas
amer
Car c’est par amour
Qu’elle perdrait ses pétales de
velours.
Lorsque la mort lui sourit en
silence,
Son sang blanc
S’écoula en un ruisseau de lait
étincelant
Pour nourrir
La terre muette de
souffrance.
Blanche Drevet
Premier avril
Si j’étais, à l’heure
du Printemps,
un joli poisson
d’avril
farceur,
je collerais sur mes nageoires
de grandes ailes de papillon
pour nager,
tranquille,
parmi les milliers
de pétales blancs
du buisson d’épine noire
Blanche Drevet