Les clowns sont toujours à l’honneur pendant les fêtes de fin d’année ! j’espère de tout mon coeur qu’ils ont fait rire beaucoup de petits enfants et de parents au cirque ou devant l’écran
de télé car il leur faut beaucoup de courage pour faire rire à une époque devenue blasée car trop gavée d’images artificielles !
Je me suis souvenue d’un poème dédié à Achille Zavatta qui nous a quittés en 1993 et que je vous offre maintenant en pensant à tous ces hommes dont le métier est devenu bien difficile
LE CLOWN
Non, ce n’était pas le
tonnerre
Ni un tonnerre
d’applaudissement,
C’était un coup de revolver
Un vrai coup de revolver révoltant
!
Pourquoi révoltant ?
Il aurait pu lancer un grand jet d’eau
sifflant
Ou un p’tit souffle d’air
Pour faire rire les enfants
Assis par terre !
Non, il a fait un super
boum
Pour laisser passer sur
l’onde
L’âme toute ronde
D’un clown
Un clown qui ne faisait plus rire sur terre.
Sur terre c’était l’hiver
Et le clown était malade et triste.
Il ne pouvait plus ni jongler, ni danser sur la piste.
Chaque rire des enfants
Avait creusé une petite ride derrière son fard blanc.
Alors il fit le rêve étrange
D’aller faire rire les anges.
Les anges doivent avoir besoin de rire au paradis
S’ils regardent les misères de nos vies.
Je suis sûre qu’ils lui ont pardonné
Quand le clown est monté
Là-haut un peu plus tôt que prévu.
Il fallait qu’il fasse un grand bruit assourdissant
Comme un applaudissement
Pour quitter avec un beau salut
La grande scène de la vie
Blanche
Drevet
L’or vert l’or jaune l’or noir
Mille pièces d’or vert
Translucides, lumineuses, légères
Font le ménage du ciel
Laissant derrière elles
Des milliards de bulles d’air en longue traîne,
Gorgées pour nous d’un élixir, l’oxygène.
Elles se nourrissent de lumière
Mais se savent éphémères
Et, sous les chauds rayons du soleil,
S’habillent d’un bel or jaune couleur de miel
Où, chaque jour, nous puisons aussi
L’essence mystérieuse de la vie.
Puis, sous le souffle du vent,
Elles tourbillonnent au soleil déclinant
Avant de mourir sans désespoir
Pour devenir le véritable or noir
Qui nourrira notre terre
Pendant le repos de l’hiver.
A la fin du cycle des saisons,
Les racines de l’hêtre renaissant
Puiseront dans le sol du printemps
Toute l’énergie de cet or noir
Pour faire éclater ses bourgeons
Futures pièces d’or vert, symboles d’espoir
De vie pour notre terre.
C’est l’immense richesse
Que tous les arbres nous donnent
Et je me demande avec tristesse
Si les arbres nous pardonnent
De les massacrer sans scrupules
Et, quand tous les arbres seront coupés,
Si les banques nous donneront des billets
Pour respirer dans le crépuscule
De la terre
Blanche Drevet
Vocalises
La sainte Catherine
Arrive !
Ce matin je jardine !
Je plante mes tulipes.
Lui, à la cime
Du prunier, il vocalise
Puis il se tait. C’est signe
Qu’il a vu un ver qui se tortille.
Il trouve que je ne vais pas assez vite
Car il a le ventre vide
Et que bientôt la sainte Catherine
Arrive !
Alors, je m’arrête avec un sourire,
Je fais quelques pas,
Puis, immobile,
Je le laisse tranquille
Prendre son repas.
Blanche DREVET
RENCONTRE
Penchée en silence
Sur cette merveilleuse
Rencontre amoureuse
De la fleur immobile sur sa tige
Et de l’insecte qui voltige,
Mon cœur s’ouvre à l’espérance.
Ma raison, elle, se demande inutilement,
Je le sais, quel est le don le plus grand :
Celui de la fleur qui offre son nectar
Et sa beauté, le regard
Tourné en vain vers le ciel lumineux,
Ou celui de l’insecte poudreux
Qui transporte son pollen précieux,
Souvent au prix de sa vie,
En rêvant de se reposer heureux ?
Pourrons-nous un jour
Comprendre cet étrange amour ?
Mais est-ce si important,
Réponds mon cœur,
De comprendre la magie
D’un tel bonheur ?
N’est-il pas plus important
De la recevoir
Comme un cadeau de vie
Et d’espoir
Pour NOTRE VIE ?
Blanche Drevet
poème offert à Victor à qui j’ai volé ce beau regard !
je suis heureuse d’avoir rencontré, grâce à la communauté SCALP, son blog lesoeuvresdevictor.over-blog.com que j’ai trouvé très riche
REGARD
Je l’ai rencontrée
Au détour d’un joli sentier virtuel
Et me suis arrêtée :
Elle était si belle
Dans l’ovale de son visage
De pieuse madone
Au regard sage
Teinté de la douce mélancolie
D’une source d’automne !
Elle m’a dit
« Je ne suis qu’une femme de papier
Légère comme une feuille
Où quelques traits de crayon
Ont fait vibrer chaque œil
En ailes de papillon.
Mon corps est invisible sur ce dessin
Et j’admire souvent avec envie
Les corps harmonieux des statues de jardin
Auxquels le sculpteur a donné vie.
Pourtant, lorsque je regarde leurs yeux éteints,
Je sais qu’elles n’ont que la vie éphémère
Qui palpite en leurs seins,
Alors que l’artiste dont je suis fière
M’a fait don d’une âme,
Cet immense océan
Qui se cache derrière mes prunelles en flamme !
Si vous plongez dedans,
Vous connaîtrez l’infini au-delà des apparences. »
Je lui ai souri en silence
Et j’ai plongé dans son univers
Entre les étoiles du ciel et celles de la mer.
Blanche Drevet