Pourquoi devenir plus grands ?
Peut-on mieux voir
La beauté
Qui nous entoure ?
La mémoire
Du pays de l’aurore,
Celui de l’amour
Qu’ils ont quitté,
Brille encore
Au fond de leurs prunelles.
La couleur de la peau
Ou celle des cheveux,
La forme du visage ou des yeux
Ne sont que les morceaux
Du grand puzzle coloré
Que forment les humains.
Ils protègent entre eux
Le grand secret
Du beau.
Ils savent que l’essentiel
Est de se prendre la main,
D’ être heureux,
De courir,
De rire,
Car bientôt
Ils ne seront plus des enfants.
Blanche Drevet
PAUSE
C’est une grande joie d’accueillir notre petit Johan pendant ces vacances car il a voyagé en Chine avec ses parents durant les deux mois d’été pour apprendre à parler correctement sa langue maternelle.
Ma participation avec la lettre R
au jeu ABCEDAIRE
de DOMI
PROPRIÉTAIRE
Avec mes réflexes imbéciles
De propriétaire
Et de ménagère,
Je chasse de ma maison
Et j’écrase sans compassion
Toutes les locataires
A huit pattes poilues
Qui font des mouches leur principal menu,
Mais aussi les plus gracieuses et légères
Aux huit pattes fragiles
Qui pendant l’hiver
Ont pris gîte et couvert
Sous mon toit.
Pourtant je ne suis pas fière de moi
Quand au printemps ou en été
Je les regarde travailler
Sans compter les heures
A tisser leur demeure
Dans la forêt
Ou dans un pré
Dans un jardin
Ou au bord d’un chemin
Sans titre de propriété.
Elles choisissent en toute liberté,
Dans la nature sans frontière,
Deux graminées ou deux fougères,
Deux branches ou deux fleurs
Pour faire de la varappe ou de l’équilibre
Au bout des fils qu’elles secrètent ;
Je vous parle, bien sûr, des araignées libres
Que vous n’aimez pas beaucoup
Ou pas du tout,
Parce qu’elles vous font peur
Ou parce qu’elles sont carnivores !
C’est vrai qu’elles dévorent
Moucherons, abeilles et autres insectes
Mais ne vous régalez-vous pas comme moi aussi
De porcs, chèvres, canards ou truites frites ?
Blanche Drevet
à Alain et sa plume bleue
et à tous ceux et celles
qui aiment les roses !
Les roses de septembre
Ont attendu patiemment
La fin de l’été
Pour montrer leur beauté.
Les roses de septembre
Ont attendu longtemps
Avec patience
En silence
Que les pétales de leurs aînées
Prennent la teinte de l’ambre,
Glissent sur la terre,
Laissant en pleine lumière
Leurs âmes étoilées,
Petites étoiles sans beauté
Qui iront se cacher
En automne
Au centre
De chaque pomme.
Y aura-t-il en novembre
Un seul petit bourgeon tendre
Pour attendre
La mort des roses de septembre
Et choisir l’hiver
Pour se vêtir d’une parure éphémère ?
Blanche Drevet
Ma participation avec la lettre Q
au jeu ABCEDAIRE
de DOMI
PIQUE-NIQUE
Dominique adore les pique-niques
Parce qu’elle aime poser son Q
Dans l’herbe humide,
Ce qui n’est pas très poétique,
La lettre Q
Etant quelque peu équivoque !
Mais elle évoque
Pour elle un paysage bucolique
Et des sensations
Qu’elle qualifie d’exquises !
Elle aime être à sa guise
A condition d’être éloignée de toute flaque
Ou autre étendue liquide
En raison de l’attaque
De quelques moustiques
Désireux de la piquer :
Comment expliquer
A ces petits êtres
Ce qu’ils risquent
Si ses nerfs craquent
Et qu’elle se donne
Des claques
Durant son banquet champêtre ?
Blanche Drevet
C’est l’été,
Le temps est beau et chaud.
J’ai retrouvé mon vélo
Qui s’ennuyait
Et se rouillait
Depuis plus d’une année !
Mon brave vélo qui n’est
Ni un vélo de course léger,
Ni un robuste VTT,
Ni un luxueux VTC !
Il est mauve comme les scabieuses
Qui me saluent
Du haut des talus !
Son modèle est dépassé,
Ses garde-boues sont cabossés,
Mais il connaît par cœur
Depuis des années
Tous les trajets vallonnés
Qui me donnent du bonheur !
Et je retrouve les mots qu’il m’a soufflés
Un mois de juin d’il y a de nombreuses années…
Quelle merveilleuse invention que le vélo !
Elle n’est jamais la même la route du plateau
où je pédale au rythme de mon cœur.
J’y déguste l’instant, l’instant de bonheur
qui lave mon cerveau.
Je veux avoir la confiance de l’oiseau
et je pense:
Légère est ma conscience
quand je passe devant le jaune éclatant
d’un soleil solitaire
et que je sens couler en moi le sang
des forces de la terre
et des forces de l’eau.
Légère est ma conscience
lorsque je remplis mes yeux
du bleu lumineux
des chicorées de l’été
du rose des centaurées
et des taches rouges des coquelicots.
Légère est ma conscience
le long de la route grise
qui mène au village
quand la douce brise
me lèche le visage
et caresse ma peau.
Légère est ma conscience
en roulant dans la forêt verte
où je souris
à la flute alerte
et jolie
d’un oiseau.
Légère est ma conscience
quand je respire les parfums enivrants
de l’été
ceux du tilleul et de la reine des prés
du chèvrefeuille blanc
et les senteurs de blé chaud.
Légère est ma conscience
et grande ma joie de l’effort accompli
en haut d’une côte un peu dure
quand je sens mes poumons remplis d’air pur
et mes mollets raidis
et que je sais ce qui est beau.
Puis lorsque mon vélo prend de la vitesse
je comprends la sagesse
des grands arbres balançant
leurs feuillages sous le vent
Leurs regards tournés vers le haut.
Blanche Drevet