Concert d’Orgues
dédié
au peintre Chagall
Assise droite sur ma chaise,
Mal à
l’aise,
Je regarde tous ces
tuyaux froids
Qui se dressent,
encadrés de bois.
Je regarde les
piliers nus
Qui soutiennent la
voûte et les murs nus.
J’attends, l’esprit absent,
Dans une
cathédrale.
Je n’ai pas le temps
!
Une rafale plus
forte que le mistral
Secoue ma tête et la
verrière !
De chaque côté,
explosent
Les
grandes roses
En ondes sonores qui
dévorent la pierre.
La foudre a fait
éclater l’orgue de lumière !
Tout
là-haut,
Des flammes
de do rouge coquelicot
Serpentent sur les
gammes du tonnerre.
Des spirales
de ré
Dorées
Comme
des oranges
S’enroulent autour
des colonnes
Et résonnent
Avec
des mi bleus en robe d’ange.
S’enivrant de la
sève d’un arbre géant
S’élèvent vers le
ciel
De
grands sols jaunes soleil.
Je me sens soulevée
lentement
Dans une
montgolfière
Au pays
imaginaire
Des rêves
de Chagall.
Sous la voûte
étoilée, les petits tuyaux de métal
Chantent comme
des la de cristal
Fragile derrière les
puissants accords
En bouquets
de fa dièse.
Sur une
prairie vert Véronèse
S’endort
Le grand
poète.
Il écoute la
musique
Des si à cœur de violette
Qui
s’envolent
En arpège de
bémol.
Allongés sur des
nuages de fleurs mystiques
De tendres
amoureux
Passent devant des
vaches à la tête rouge ou bleue
Et surgissant d’un
vitrail, trois coqs à plumes d’or
Jouent sur des
violons multicolores.
Je suis dans un
ailleurs
De sons et de
couleurs !
Mais soudain, le
magicien de l’orgue noir
S’arrête. Les
touches d’ivoire
Restent immobiles.
Tout se tait.
La cathédrale
retrouve sa nudité.
Blanche
DREVET
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