Fin de semaine,
Ne plus penser à son travail, à ses peines,
Rassembler son énergie, rajeunir sa tête.
Elles sont parties et arrivées là, à l’Accueil
Dans un univers où le temps lentement s’effeuille.
Mais elles ont mis leurs habits de fête
Car elles veulent être belles.
Les plus jeunes rectifient leur maquillage,
Les plus âgées dessinent sur leur visage
Un sourire pour effacer quelques ridelles.
Toutes rechargent une clef avec quelques euros
Qui leur permettra d’offrir boissons et gâteaux
A un fils, un petit-fils, un père,
Un mari, un amant, un frère,
Un être cher qui a fait naufrage,
Un être coupable envers la société
Qui attend de retrouver un rivage
Où il rêve sa liberté.
Il y a aussi quelques hommes, frères,
Amis, pères, grand-pères,
Mais elles sont souvent seules avec leur courage
Et la force de vivre qu’elles doivent donner
Après des heures et des heures de voyage.
Il y a toujours des enfants
Qui doivent attendre sagement
Sans courir et pousser des cris.
Et souvent des bébés qu’il faut empêcher de pleurer.
La première attente commence sous le soleil ou la pluie
Avec une pièce d’identité et un sac rempli
De vêtements, revues, articles de toilettes non interdits.
La lourde porte jaune s’ouvre à chaque appel émis
Puis se referme après chaque passage.
Une deuxième attente ressemble à la vérification des bagages
Dans un aéroport avant de s’envoler vers les nuages,
Mais il faut descendre un escalier en ciment
Comme pour prendre un métro absent
Puis longer un grillage
Pour une troisième attente plein d’espoir,
Celle de l’ouverture de la porte du parloir.
Quand cette porte s’ouvre enfin dans le silence,
Un gardien donne à chaque nom un numéro,
Celui d’un boxe où il y a une table et trois chaises.
On peut y converser à l’aise
Mais les cloisons de s’élèvent pas très haut.
Cela n’a pas d’importance
Parce que, lorsqu’il arrive, il n’y a que lui, que son visage,
Il n’y a plus que deux cœurs qui parlent le même langage
Malgré le bruit des autres, malgré les pas des gardiens
Et les enfants qui courent et s’amusent bien.
Seulement, il n’y a pas assez d’heures
Pour dire toutes les douleurs et tous les bonheurs,
Tout se passe trop vite à dire des phrases banales,
Les gardiens donnent le signal,
Les murs se referment autour des prisonniers
Et une autre longue attente commence pendant qu’ils sont fouillés.
Puis elles doivent sortir de la prison,
Repartir vers le même horizon
Où recommence une nouvelle semaine
Jusqu’à d’autres fins de semaines …
Blanche Drevet
Poème dédié à une amie que j’ai accompagnée plusieurs fois dans un centre de détention.
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