JE N’IRAI PAS DANS LE DESERT
Une brise légère forme une ride
sur le miroir liquide.
De grands
cercles brouillent
le feuillage des
arbres noirs.
Dans le silence
végétal
la complainte de
trois grenouilles
monte du fonds
de la préhistoire.
Pendant ce
temps, l’homme de la capitale
rêve du désert
des cartes postales.
Je n’irai pas
dans le désert.
Les ombres fines
des poissons glissent
sous la peau
lisse
de
l’étang.
Des serpents
d’ondes lumineuses
lèchent l’écorce
rugueuse
des grands
chênes.
Immobile et heureuse,
je sens mon cœur
gonflé de sève.
Des hommes de
béton
fuient la ville
et les rats
et vont rouler
dans les dunes du Sahara,
mais ils sont déjà morts
dans leur
décor
en
carton.
Je n’irai pas
polluer le Sahara.
Je suis dans le
paradis vert
dont rêve
l’homme du désert.
Je nage dans
l’eau verte
et vole dans le
chant des oiseaux.
Ses yeux ne
rencontrent que le sable et la pierre
et son cœur rêve
d’une goutte d’eau.
Je n’irai pas
salir sa goutte d’eau
avec mon
appareil photo.
Je n’irai pas
dans le désert
qu’achètent pour
une semaine
les gens riches
de nos cités de pierre.
Je n’irai pas
voler aux femmes et aux hommes solitaires
leur courage,
leur bonheur et leurs tentes de laine.
Le désert est à
ceux qui pendant des années
marchent et
souffrent avec les dromadaires
dans le sable
brûlant et les nuits glacées
Je rêve pour les
êtres fiers du désert
d’un ruisseau
d’eau claire
et d’une forêt
mystérieuse
où, dans une
autre vie heureuse,
ils trouveront
le même message
que ne vendront
jamais les agences de voyage.
Blanche DREVET
poème dédié à mon fils Fabien
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