Avant de publier ce nouvel article, je tiens à me faire pardonner mon absence sur vos blogs où j’aime aller me promener; elle est due à un SOS envoyé par mon potager que j’ai abandonné l’année dernière et par une opération de la cataracte qui m’oblige à me reposer souvent les yeux.
Je vous offre pour le dimanche des Rameaux la première partie d’un conte que j’ai écrit l’année dernière pour mon petit-fils et que j’ai commencé à illustrer ce mois-ci :
il s’agit de l’ histoire de la cloche Pascaline dont voici d’abord le portrait :
Il était une fois une jolie cloche très gracieuse qui s’appelait Pascaline. Elle vivait dans un clocher et ce clocher était celui de la petite église d’un village nommé Prunelle, entouré de montagnes.
La cloche Pascaline était heureuse car du haut de son clocher, elle pouvait admirer les montagnes toutes roses le matin quand le soleil se levait et toutes noires la nuit quand les étoiles brillaient au-dessus d’elles. L’été, elle pouvait regarder les vaches dans les fermes d’alpage et les moutons avec leurs bergers dans les immenses pâturages. L’eau blanche des cascades et des torrents qui descendaient des montagnes et tous les petits chalets en bois la ravissaient.
En dominant les toits de son village, elle souriait à ses habitants quand ils se promenaient dans les rues ou quand ils venaient bavarder sur le banc vert de la place de l’église. Elle riait beaucoup avec les enfants, les petits garçons qui jouaient aux billes ou au ballon et les petites filles qui sautaient à la corde ou jouaient à la dînette. Elle était joyeuse quand le curé lui ordonnait de carillonner les dimanches et jours de fête pour appeler dans son église les habitants de Prunelle. Et sa voix cristalline était si belle que le vent aimait l’emporter le plus loin possible.
Mais sa plus grande joie était chaque année le voyage du printemps : Elle devait aller avec toutes les autres cloches dans la grande ville de Rome en Italie pour faire provision d’œufs de Pâques que leur donnaient de très vieilles cloches ; c’était la tradition depuis deux mille ans. A leur retour, toutes les cloches carillonnaient et les curés distribuaient les œufs à leurs paroissiens pour fêter la résurrection des feuilles et des fleurs du printemps. Il y en avait de toutes sortes, de vrais œufs peints avec de jolis dessins de toutes les couleurs et même des œufs en chocolat entourés de papiers brillants dont raffolaient les enfants.
Pourtant, à son retour, même si Pascaline était joyeuse, elle ressentait toujours une ombre de tristesse car elle aimait tous les enfants. Un jour, elle dit au curé :
« Monsieur le curé, pourquoi ne donnez-vous pas des œufs à tous les enfants ? »
« Parce que je veux que les enfants soient bien habillés pour rentrer dans mon église. » lui répondit le curé.
Pascaline ne dit rien mais elle pensa que ce n’était pas juste car si les enfants pauvres n’avaient pas de beaux habits, ce n’était pas de leur faute.
Alors elle en parla à son ami le vent et le vent se mit en colère car il aimait comme elle tous les enfants qui respirent le bon air et courent dans la montagne!
Quand le vent se met en colère, il souffle de plus en plus fort sur les nuages noirs qui se rassemblent pour former un orage terrible. En ce jour d’automne, le vent souffla si fort que les sombres nuages se cognèrent les uns aux autres avec de formidables coups de tonnerre qui faisaient trembler les montagnes. Ils lancèrent des éclairs et firent tomber des seaux de grêle sur le village. Les habitants de Prunelle avaient très peur du tonnerre, des éclairs et surtout de la foudre, mais quand la boule de feu apparut, elle tomba sur le toit de leur église sans toucher le clocher. Monsieur le Curé pleura beaucoup parce que son église était détruite et qu’il n’avait pas assez d’argent pour la reconstruire.
Alors la pauvre cloche Pascaline regretta beaucoup ce qu’elle avait dit au vent :
« Ton intention était bonne, cher ami le vent, mais maintenant le soleil a quitté le village, le curé de mon église aussi et je suis toute seule. »
Dès le début, l’hiver fut très dur pour elle ; elle resta seule et silencieuse dans son clocher qui était resté debout. Le curé ne lui demandait plus de sonner car ne pouvant plus réunir le dimanche les prunellois dans son église détruite et il était parti dans un autre village. Pascaline avait froid, elle ne bougeait plus et ne chantait plus. Elle avait très envie de pleurer car elle avait peur de perdre sa jolie voix, mais il ne fallait pas qu’elle pleure parce que ses larmes pouvaient la rouiller ; alors elle se taisait courageusement.
Le jour le plus triste fut celui de Noël : dans le grand silence noir, elle rêva à la belle fête de l’année passée où les parents, les grands-parents et les enfants chantaient dans l’église en tenant des cierges allumés devant la crèche où dormait l’enfant de lumière. Elle n’arrivait pas à croire que cette belle fête n’existerait plus.
Cependant, le plus malheureux était le vent car il se rendait compte qu’il avait fait une grosse bêtise ! Alors, de temps en temps il revenait voir son amie la cloche. « Je te demande pardon. » lui disait-il en soufflant dessus mais elle restait silencieuse et il était désespéré de ne plus entendre sa jolie voix.
Je vous laisse en hiver avec la pauvre cloche Pascaline que le vent essaye de consoler; le printemps va arriver et il va avoir une belle idée…
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