LES CHEMINS DE L’AUBRAC
L’Aubrac,
Rien dans le dos qu’un sac
Pour un pull, la cape de pluie et le pique-nique !
Pourquoi courir si loin
Vers Compostelle
Quand ce plateau magique
Qui ondule sans fin
Vous conduit vers le ciel,
Vers l’immense espace
Où tourne un seul rapace ?
Tous ses chemins
S’accrochent à des nuages paisibles
Où l’on a envie de se poser
Allongés sur de blancs coussins !
L’Aubrac ! C’est mieux qu’une Bible
Pour méditer et s’élever
Dans le cœur de la Nature !
Mais ce n’est pas un livre d’aventure :
Ses pages nous apprennent seulement
A marcher avec lenteur
Sans craindre les ombres
Et l’avancée du temps,
A nous pencher sur la beauté des fleurs
Où se cachent la clef des nombres
Et de minuscules et étranges insectes,
A caresser le granit
De ses vieux murs de pierres sèches
Comme pour exécuter un rite
Dont l’origine s’est perdue par-delà l’horizon
Quand ont disparu les moutons.
Peut-on interroger la muette mémoire
Des puissants taureaux
Dont la conscience garde les fils de l’Histoire ?
Ou celle des vaches dont les cornes gracieuses
Coiffent deux beaux yeux noirs en amande ?
Peut-être que la symphonie joyeuse
Des cascades qui descendent
Le long des roches basaltiques,
Claironnant sur les tuyaux
Des grandes orgues géométriques,
Pourrait nous raconter les légendes des volcans ?
Mais le présent est là dans la lumière
Qui perce la brume au-dessus des tourbières
Et sur les toits d’ardoise qui brillent comme de l’argent ;
La belle église romane, du haut de son modeste clocher,
Nous annonce l’arrivée.
L’envie prend d’y rentrer avec confiance
Pour y goûter le silence
Comme l’eau vénérée
D’une source sacrée.
Il est un peu loin
Ce saint Jacques
Qui attire tant de pèlerins !
Pourquoi ne pas rester à l’écoute des mystères
Sur les chemins solitaires
De l’Aubrac ?
Blanche DREVET
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