Le printemps est arrivé en ce mois de mars où la pluie et le soleil continuent de se disputer ! Nous n’y pouvons rien mais nous avons tous besoin de soleil après un hiver interminable.
Alors, je vous propose une magnifique offrande à la lumière matinale écrite par Laure dont j’aime beaucoup le blog 3soleilsbleus.eklablog.com où je me régale de poésie, de peinture et de musique présentées par cette artiste aux multiples talents.
J’ai illustré son poème avec deux photos trouvées sur internet.
Au matin, l’offrande
*
Rester un moment
Dans la pénombre
Retarder un peu
L’ouverture du volet
Avant d’entrer dans le jour
S’accorder ce précieux temps
Pour en prendre la mesure
Où le corps doucement
Retrouve ses repères diurnes
Laisser la pensée renaître
Aux atours d’arc-en-ciel
Accueillir cette offrande
De soi
A la foi, l’espérance et l’amour
Et s’élancer
Dans la lumière qui point
Comme aux premières heures de l’aube.
Bonjour chers amis et amies de mon petit blog, vous avez dû vous rendre compte d’un changement depuis le début de ce mois de février.
Je suis, avec une nouvelle dizaine, à un tournant de ma vie où je ressens le besoin d’une création différente de l’écriture poétique.
C’est pourquoi, avant de prendre de « grandes vacances », j’ai laissé la place à mes amours poétiques de jeunesse que sont Charles Baudelaire et Victor Hugo.
Je pense que ce serait plus juste de vous laisser la place, chers amis et amies qui m’avaient accompagnée jusqu’au début de 2017
Aujourd’hui, je choisis de publier un joli poème de Livia, » Rêverie ».
J’aime beaucoup son blog , liviaaugustae.eklablog.fr , et particulièrement ses « tableaux du samedi » même si nous n’avons pas les mêmes goûts artistiques.
J’ai illustré le poème de Livia de paysages de la Guadeloupe dont elle rêve puisqu’elle y a vécu.
Je vous conseille d’aller lire sur son blog un autre joli poème » souvenirs d’antan » où elle rêve sur son île d’un hiver qu’elle n’a jamais connu.
Rêveries
Lorsque je m’éveille,
Sous un ciel trop gris,
D’un hiver froid, triste et morne.
Bien vite je referme les yeux.
Mes pensées vagabondent vers mon île natale.
Alors je rêve un instant,
Que pieds nus dans l’eau claire d’une petite crique,
Je retrouve mon ciel plein d’azur profond
Où du matin au soir,
Se promène un soleil, gros comme un ostensoir,
Dont les rayons m’incendient la peau.
Parfois, je délaisse les rivages et ses embrasements,
Pour goûter la fraîcheur des sentiers de forêts,
Où pousse l’orchidée sauvage.
Sous l’ombrage des fougères géantes, bercées par l’alizé,
Règne un silence plein de bruit d’ailes,
Et du murmure soyeux d’une ravine coulant en contrebas.
Un gros manguier, au bord de la sente,
M’offre ses fruits d’or, dans lesquels
Altérée je mords à belles dents.
Les fruits tombés, exhalent un parfum lourd et sucré
Qui attirent les insectes en vols bourdonnants…
Mais le rêve se défait,
Et les bruits quotidiens de la vie qui bourdonne
Me ramène brutalement sous ce grand ciel trop gris.
Liviaaugustae
C’est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;
C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ;
A travers la tempête, et la neige, et le givre,
C’est la clarté vibrante à notre horizon noir ;
C’est l’auberge fameuse inscrite sur le livre,
Où l’on pourra manger, et dormir, et s’asseoir ;
C’est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques
Le sommeil et le don des rêves extatiques,
Et qui refait le lit des gens pauvres et nus ;
C’est la gloire des Dieux, c’est le grenier mystique,
C’est la bourse du pauvre et sa patrie antique,
C’est le portique ouvert sur les Cieux inconnus !
En méditant devant l’horreur de cette photo qui peut illustrer le poème du XIX siècle « La mort des pauvres » de Baudelaire, je me dis que j’ai de la chance de méditer car je possède un toit, le silence, le souffle et une bonne santé.
Je me dis aussi que j’ai de la chance (mais est-ce une chance ?) d’habiter ce triste pays et de pouvoir choisir démocratiquement entre des hommes et des femmes à la recherche du pouvoir et aux âmes de croque-morts dont les promesses qui s’ouvrent sur des Cieux inconnus n’ont rien changé depuis deux siècles.
Toujours avec la plume et le pinceau de grands poètes du XIX siècle,
je vous offre un geste de vie disparu aujourd’hui dans notre société riche et mécanisée où la machine,voulue pour soulager l’homme de son dur travail, a fini par lui retirer la fierté de ce geste de vie.
C’est le moment crépusculaire ;
J’admire, assis sous un portail,
Ce reste de jour dont s’éclaire
La dernière heure de travail.
Dans les terres de nuit baignées,
Je contemple, ému, les haillons
D’un vieillard qui jette à poignées
La moisson future aux sillons.
Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours.
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours.
Il marche dans la plaine immense,
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main et recommence;
Et je médite, obscur témoin,
Pendant que, déployant ses voiles,
L’ombre, où se mêle une rumeur,
Semble élargir jusqu’aux étoiles
Le geste auguste du semeur.
J’arrive bientôt à la fin d’un cycle de ma vie et je me rends compte avec joie que mes émotions de jeunesse ne se sont pas éteintes.
J’imagine encore, en ce début d’hiver, l’âme de ce peintre et l’âme de ce poète se rencontrant sur les toits enneigés de Paris au XIX siècle.
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l’atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d’éternité.
II est doux, à travers les brumes, de voir naître
L’étoile dans l’azur, la lampe à la fenêtre
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l’hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d’eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l’Idylle a de plus enfantin.
L’Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté
D’évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.