Depuis quelques temps
Les animaux préhistoriques
Peuplent les têtes angéliques
De nos enfants.
Mais si je plonge dans mon enfance
Et que je cherche l’animal rêvé
De ce tendre passé
Qui parfume
Tous mes sens,
Je rencontre un animal à plumes
Dont je n’ai jamais touché une plume.
Cet animal n’avait rien de préhistorique
Et voguait dans sa robe de plastique
Sur la mer de mon bain
Et, quelques années plus tard,
Sur une petite mare
De fête foraine avec ses copains
Que j’avais le droit de pêcher
Pour gagner un quelconque jouet.
Je n’ai jamais su pourquoi
Il avait les jours de fête importants,
La fête de Noël ou celle des rois,
La forme d’un sucre collant
Trempé dans de la liqueur ou du café,
Que je me dépêchais d’avaler !
Longtemps après avoir caressé
Plusieurs fois son effigie en bois
De couleurs bizarres,
J’ai eu enfin la joie
De contempler les vraies plumes
De ce merveilleux canard
Qui aime l’eau et les nuages
Et qui vole et qui nage,
Sur lequel je n’ai jamais pu poser la main
Quand il avalait goulument
Mes morceaux de pain
Lancés joyeusement !
PS : le canard qui accompagne madame Col-vert sur l’Yonne n’est pas un jouet !!
En cette chaude journée de fin d’été,
J’ai besoin de me rafraîchir
Dans ma belle forêt éclairée
Par la douce lumière
De ce mois septénaire.
Je m’adosse contre le tronc lisse
D’un hêtre majestueux
Qui s’élance heureux
Vers le ciel
Au-dessus des ors
Des fougères légères
Et des mauves bruyères.
Immobile, je glisse
Vers un passé éternel
A l’école du silence
Du Sage Pythagore.
Dans ce divin silence
Que seuls peuvent chahuter
Les oiseaux et l’aimable zéphyr,
Les forces de la terre
Montent des racines du hêtre géant
A la rencontre des forces solaires
Que captent ses feuilles vertes et dorées.
Les vibrations du hêtre
Doucement me pénètrent
Et je reçois, éblouie,
Ce don merveilleux
D’énergie
Que m’offre l’arbre vivant
Et silencieux.
Johan aime les oiseaux.
Ce sont de petits
Et aussi de grands génies
Qui volent.
Il est heureux
Car il a trouvé sur le sol
Un petit nid.
Il est pour lui
Un bien précieux
Finement tressé
De brindilles, de mousse et de duvet.
Il est très beau
Surtout parce qu’il est tout rond
Comme les bulles de savon
Qui volent elles aussi,
Johan pense à tout ce qui est rond
Les astres qu’il voit dans le ciel,
La lune, les étoiles, le soleil
Et aussi la terre, car on le lui a dit.
Les tomates-cerises,
Ces bonbons-surprises
Qu’il aime croquer,
Les balles, les boules et les ballons
Avec lesquels il aime jouer,
Il pense au cœur jaune et rond
De la fleur entouré de plumes blanches
Comme celles du ventre du beau circaète.
Alors, pour que l’ oiseau
Revienne pondre son petit œuf tout rond,
Johan repose le nid sur une branche
De l’arbre, tout en haut,
Puis, le regard fier,
Il pose sur sa tête
La magnifique parure de chef indien
Qui appartenait à son père.
Avec elle
Et ses grandes plumes multicolores,
il a très envie de s’envoler
Au pays du grand condor.
Il sait qu’il est un humain
Trop lourd pour voler
Mais qu’il peut voyager
Dans le ciel
Avec les ailes de sa pensée.
Ce qu’il ne sait pas encore,
C’est que les tentes des amérindiens
Étaient rondes comme des nids
Et toujours disposées en cercles d’ondes
Parce que tout ce que fait le Pouvoir du Monde
A la forme de cercles de vie.
Il ne sait pas non plus
Que des hommes blancs
Ont massacré les indiens
Pour qui toutes les plumes d’oiseaux
Étaient plus précieuses que l’or
Et que si nous voulons à nouveau
Vivre entre terre et ciel
Leur philosophie simple et belle,
Nous devons retrouver en nous
Ce que Johan n’a pas encore perdu,
Son cœur d’enfant,
Petit nid tout rond, tout doux.
Les rayons solaires
Caressent les gouttes de rosée matinale
Sur les petites fleurs de cristal
Des ombellifères,
Berceaux
Du mariage du feu et de l’eau,
Qui est Vie.
Je contemple, ravie,
Emerveillée, l’idylle
De deux insectes rouges
Sur les fleurs blanches d’une berce-spondyle.
L’été est blanc et rouge.
Nourrie dans les profondeurs
De la forêt mystérieuse,
Une étoile rouge dangereuse
Est dévorée du matin au soir
Par les insectes travailleurs.
En rouge et noir,
Le feu se marrie avec la terre nouvelle.
Mais plus loin, sur le chemin,
Les ailes du vulcain
Sont dans la lumière
Le mariage du feu et de l’air.
Elles sont flammes de l’espoir
Et montrent au pur bleu du ciel
Le rouge, le blanc et le noir.
Que le feu de la Nature réchauffe tous les coeurs qui en ont besoin durant ces mois d’été