En cette fin d’été marquée dans plusieurs régions par une longue sécheresse, je reviens sur mon blog parce que je pense qu’il y a urgence de prendre conscience de l’importance des arbres dans notre vie.
Face à une minorité de pauvres humains qui défrichent la forêt pour survivre , face à une majorité de pauvres humains qui, pour survivre, enrichissent une minorité de très riches humains qui méprisent la forêt qui permet à tous les êtres vivants de vivre sur notre planète, je pense aux humains qui redécouvrent la vie secrète des arbres et le don qu’ils nous font et je vous offre un très beau texte de Jules RENARD intitulé :
« Une famille d’arbres »
C’est après avoir traversé une plaine brûlée de soleil que je les rencontre .
Ils ne demeurent pas au bord de la route à cause du bruit.
Ils habitent les champs incultes sur une source connue des oiseaux seuls.
De loin, ils semblent impénétrables. Dès que j’approche, leurs troncs se desserrent.
Ils m’accueillent avec prudence.
Je peux me reposer, me rafraîchir, mais je devine qu’ils m’observent et se défient .
Ils vivent en famille, les plus âgés au milieu et les petits,
ceux dont les premières feuilles viennent de naître, un peu partout, sans jamais s’écarter .
Ils mettent longtemps à mourir et ils gardent les morts debout jusqu’à la chute en poussière.
Ils se flattent de leurs longues branches
pour s’assurer qu’ils sont tous là comme les aveugles.
Ils gesticulent de colère si le vent s’essouffle à les déraciner. Mais entre eux aucune dispute.
Ils ne murmurent que d’accord.
Je sens qu’ils doivent être ma vraie famille . J’oublierai vite l’autre.
Ces arbres m’adopteront peu à peu, et pour le mériter j’apprends ce qu’il faut savoir :
Je sais déjà regarder les nuages qui passent.
Je sais aussi rester en place.
Et je sais presque me taire.
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